Le développement durable prône depuis maintenant quarante ans la solidarité générationnelle. Tantôt c’est la solidarité inter générationnelle, et tantôt c’est la solidarité intra générationnelle, et plus récemment les deux à la fois.
Aujourd’hui, la pandémie à COVID-19 a mis en opposition des générations d’une même barque. Un conflit de génération qui se démarque des précédentes.
Cette fois, il s’agit de la catégorie des jeunes, versus, catégorie des personnes âgées. Il ne s’agit pas de la génération à venir, non plus entre pays, ni entre des riches contre des pauvres.
Il ne s’agit pas de questions de développement, ni de la finitude des ressources, mais plutôt d’un virus, mondialisé par son effet de contagion rapide, et dont l’impact a fini de dissocier la société, par sa virulence, surtout, sur la classe des vieilles personnes.
Mesures barrières et distanciation sociale sont les maîtres mots sur toutes les lèvres. Des sonorités à la limite inaudibles aux oreilles des jeunes.
Les jeunes ont besoin de vivre, et de vivre pleinement leur époque, afin de marquer leur épopée, comme il en était toujours le cas, et partout dans le monde.
Un jeune c’est la vie, c’est la vision émerveillée de la vie, c’est la pleine vie, c’est la jouissance, c’est la flânerie, c’est la joie de vivre dans les terrains de foot, de basket-ball…
La jeunesse, c’est un état d’esprit, un effort de volonté et de courage, une intention émotive, une passion déchainée, impliquant quelque fois, le « laisser-aller » et ou le « laisser-faire ».
La jeunesse, c’est les rassemblements dans les écoles, dans les universités, c’est des assemblées à tout coin des rues, des maisons, des lieux publics…
Fort malheureusement, le virus s’érige à un ennemi contre la pleine vie, voire contre le mode de vie de la communauté des jouissances et des oisivetés.
Une vie tronquée, ligotée et mise en quarantaine s’impose à des jeunes en conquête d’une vie exaltée et pleine.
Plus de restaurants, plus de sortie entre bandes de copains, d’amoureux, de collègues… plus de plages, plus de promenades de groupe, plus de place à palabre…plus de liberté tout court. Une vie fade n’est-ce pas ?
Une pause alarmante, une retraite prématurée, pour des jeunes qui n’ont pas pleinement profité des fruits de l’emploi. Ils ne sont pas non plus demandeurs de départ volontaire.
Les drapeaux des soirées folles, des boites de nuit, des dancings…mis en berne, triste sort pour une frange qui y trouvait un exutoire.
L’état d’urgence et le couvre-feu les barricadent dans des maisons où un jeune souhaite le moins rester pour fuir le sédentarisme enivrant et stressant.
Fort malencontreusement, la pandémie à corona virus est là, pour mettre fin au bonheur, aux jouissances d’un moment palpitant de la vie.
Les jeunes sont appelés du coup, à marquer leur solidarité à leurs vieux parents, grands-parents, voire les puits d’expérience nécessaires à l’épanouissement des jeunes.
Les jeunes sont tenus de garder à vie les mémoires vivantes, les bibliothèques viatiques, les grandes écoles de la sagesse, les cimetières de l’expérience, outre, les bailleurs d’une jeunesse en sous-emploi.
Les jeunes sont invités à être solidaires à une catégorie de personnes vulnérables, apeurées par la mort subite.
Les jeunes sauront-ils renoncés à leur liberté oisive pour donner chance aux vieilles personnes ? Et du coup, les éviter des cimetières silencieux et funèbres ?
Les vieilles personnes sont-elles demandeuses d’une telle faveur pour une génération consciente de l’éphémère phase de la jeunesse ?
Vie des vieilles personnes se dresse contre la pleine vie des jeunes gens. Une équation assez complexe dans un monde qui se désolidarise. Les égoïsmes individuels et collectifs en sont la toile de fond.
La question de survie et de vie pleine opposerait-elle les franges d’une même génération : jeunes hommes/vieilles personnes ?
Qui va faire le sursaut ? Les jeunes seraient-ils salutaires dans leurs décisions et dans leurs comportements ?
La balance est toutefois mise en basculement : la vie sur un plateau et la pleine vie sur l’autre plateau.
Va-t-elle se balancer du côté de la solidarité ou du côté de la pleine vie ? Enjeu d’amertume d’un lendemain très flou.
Le libéralisme ou le socialisme ? Encore de plus, les deux idéologies se tutoient à travers les passagers du même bateau.
Osons espérer que les vaccins sonnent le glas de ce conflit de génération que le contexte mondial impose à toute l’humanité.
Mon collègue El Hadji Rawane BA est géographe de formation, spécialisé en aménagement du territoire, décentralisation et développement local. Doctorant au département de géographie, membre du laboratoire de géographie humaine, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD).
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Son travail de thèse porte sur la territorialisation des Objectifs de développement durable (ODD) dans le cadre d’une thèse unique. Il s’agit de voir comment les collectivités territoriales du Sénégal s’approprient les ODD, en partant de l’hypothèse suivante : l’échelle locale est l’échelle la plus appropriée pour la mise en œuvre des ODD, même si elle est la plus absente.
Une lecture très intéressante. Tu as fait tomber tonnmenteau de géographe pour nous sortir ces belles paroles très riches en enseignements. Bravo !
C’est bien vraiment. Le manageur du blog est au top. Que l’aventure continue
Chapeau à toi, mon cher👏👏👏On est fier de toi🙏
Je pense aussi que beaucoup de jeunes ont fait des efforts énormes en limitant leurs interactions sociales. C’est déjà beaucoup de sacrifices : le fait d’accepter les règles de confinement ou de couvre feu. Si certains ont du mal à respecter ces règles, d’autres ont fait le choix de se priver de leur liberté individuelle pour un intérêt collectif.
Par exemple, c’est très difficile aujourd’hui pour beaucoup de jeunes qui font des cours à distance. Avec la durée, cette nouvelle mode de vie impacte psychologiquement sur la vie mais ils continuent toujours à faire ces efforts.
Excellent commentaire Malick. C’est vrai que l’équation est complexe. Et y a eu au moins des sacrifices
Un excellent récit qui témoigne de l’anxiété des êtres humains face à la pandémie à coronaires. Nous avons lu avec intérêt ce texte plein de sagesse.
Jacques je confirme. Il y a vraiment nécessité d’analyser la pandémie avec un esprit ouvert et regard très large. L’humain est touché dans son fort intérieur.