L’année 2022 nous a apporté une pandémie persistante, des conflits et un climat qui ne cesse de se réchauffer, une augmentation des prix, des inégalités et des tensions internationales. Une situation qui affecte la sécurité alimentaire mondiale, particulièrement dans les pays en développement et dépendant des exportations de denrées alimentaires. La Journée mondiale de l’alimentation est de nouveau marquée cette année par la progression de la faim dans le monde, exacerbée par les effets de la guerre d’invasion russe en Ukraine. Près de 830 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde et plus de 200 millions de personnes font face à des situations particulièrement sévères de « crises alimentaires ». Il est donc urgent de renforcer notre mobilisation collective pour lutter contre l’insécurité alimentaire dans le monde mais aussi pour construire des systèmes alimentaires durables et résilients.
Selon le dernier rapport de la FAO (2022) sur l’état de la sécurité alimentaire dans le monde, la faim a encore gagné du terrain dans le monde en 2021, et cette tendance montre que les inégalités, entre et dans les pays, s’accentuent. Après être restée relativement stable depuis 2015, la prévalence de la sous-alimentation a bondi de 8,0 % à 9,3 % entre 2019 et 2020, puis a augmenté à un rythme moins soutenu en 2021, passant à 9,8 %.
Promouvoir une alimentation pour tous : en enjeu de développement durable et d’équité sociale ?
Dans les pays en développement, particulièrement au Sénégal, la pauvreté, l’insécurité alimentaire et la malnutrition frappent durement les populations rurales et particulièrement les femmes. Ces populations subissent les conséquences des différents conflits à travers le monde, des ralentissements économiques, de la précarité des emplois et font en outre face à des défis environnementaux croissants du changement climatique, de l’érosion de la biodiversité, de la dégradation des terres et des pollutions diverses.
La précarité alimentaire touche plus d’un tiers de la population. Et même dans la capitale sénégalaise, des milliers de personnes se retrouvent dans cette situation. A mon avis, il n’existe pas une solution miracle mais des leviers sur lesquels nos politiques et les acteurs privés doivent s’appuyer pour faire face à ce fléau. Les solutions doivent avant tout structurels et planifiées. Les options curatives visant à faire des dons ou des aides ponctuelles ne peuvent pas être des solutions durables. Elles les maintiennent dans un cercle de dépendance et de précarité. Deux options structurelles peuvent être efficaces :
- Promouvoir l’emploi des jeunes (je veux dire par là des emplois stables et bien rémunérés) ;
- Faire de l’autonomisation des femmes une réalité et non un slogan politique ou de marketing (faciliter l’accès à ces services : emploi, financement, formation, revalorisation de leurs rémunérations, instances de décision, foncier, etc.).
Pourquoi je commence par ces deux points ?
Aujourd’hui, les femmes et les jeunes jouent un rôle vital dans le fonctionnement de nos ménages. Ce sont des agents économiques pour bien entretenir leur famille. S’ils ont un travail digne, c’est toute la famille qui va le ressentir. La précarité des emplois, couplée à la cherté de la vie, constitue un facteur qui prive l’accessibilité économique à l’alimentation à des milliers de ménages.
La conjoncture récessionniste actuelle fait qu’il est encore plus délicat pour de nombreux gouvernements d’accroître leur budget afin d’investir dans la transformation des systèmes agroalimentaires. Au-delà de ces mesures structurelles et inclusives, l’accès à une alimentation saine et durable passera, entre autres, par :
- Replacer l’accès à une alimentation de qualité au cœur d’un projet de transition alimentaire durable et juste ;
- Inventer de nouveaux modèles d’actions favorisant l’accès à une alimentation de qualité sur les territoires, dans les villes comme dans les campagnes ;
- Réinventer les politiques locales pour une action territoriale favorisant l’accès à une alimentation de qualité ;
- Construire une gouvernance pluri-niveaux de l’accès à une alimentation de qualité, tout en promouvant les produits locaux (la transformation et consommation locale).
Nous devons construire un monde durable où chacun, en tout lieu, peut se procurer de manière régulière des aliments nutritifs en suffisance.
Personne ne doit être laissé de côté pour atteindre les objectifs de développement durable à l’échelle des territoires (ODD2 et ODD1) !
- Article destiné à sensibiliser le grand public et les acteurs de la chaîne alimentaire sur les enjeux de l’alimentation et de la sécurité alimentaire.
- Cette contribution est à retrouver sur mon application : https://senretail.sn/